Chroniques du polar : la maison des chagrins. Victor del Arbol
Eduardo tente de survivre dans un appartement sans âme, grâce à l’alcool et aux psychotropes que lui prescrit la psychiatre chargée de sa réinsertion. Il vient de purger une peine de prison pour le meurtre du chauffard qui a tué sa femme et sa fille, voilà quatorze ans. Peintre autrefois coté, il gagne sa vie en exécutant à la chaîne des portraits anonymes que sa galeriste place dans les grandes surfaces. Un jour, celle-ci lui transmet une bien étrange commande : une célèbre violoniste lui demande de réaliser le portrait de l’homme qui a tué son fils. Elle veut pouvoir déchiffrer sous les traits de l’homme les caractéristiques de l’assassin. Unis dans la même douleur, la commanditaire et l’artiste ouvrent bientôt la boîte de Pandore, déchaînant tous les démons qui s’y trouvaient enfouis.
Le pinceau d’Eduardo met au jour une galerie d’êtres tourmentés, enfermés dans un drame qui a figé leur existence : un jeune Chinois androgyne qui fait commerce de son corps, un fils de combattant de l’OAS enrichi par le gaz et le pétrole d’Alger, un ex-agent de la police politique de Pinochet, un Arménien sans foi ni loi, une jeune fille abusée par l’amant de sa mère, un mercenaire soufi… Autant de personnages qui hantent la maison des chagrins, pris au piège d’une vengeance désespérée et d’un hasard qui n’est que l’autre nom du destin.
Assemblant sous les yeux du lecteur les mille et une pièces d’un terrifiant puzzle, Víctor del Árbol signe un roman vertigineux de maîtrise, glaçant de noirceur et désarmant d’humanité.
Ce que j'en ai pensé :
La dernière fois que je vous avais parlé d'un livre de Victor del Arbol (c'était il n'y a pas si longtemps que ça), j'avais émis quelques réserves : belle construction narrative mais quelques outrances....
Mais je savais bien que je devais persévérer parce que cet auteur promettait de bien beaux moments de lecture : j'ai bien fait !
La première fois que j'ai entendu parler de ce roman, c'était au cours de l'émission "le temps des libraires" sur France Culture, par Augustin Trapenard (remplacé maintenant par Christophe Ono dit Biot : tous les jours juste avant 11h, un libraire livre ses coups de coeur). La manière passionnée dont le libraire parlait de cet ouvrage m'a donné envie de m' intéresser à l'auteur. Le fait qu'il soit publié dans la collection Babel noir de chez Actes Sud m'a aussi interpelée : je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je suis très sensible à la "ligne éditoriale" des éditeurs. Il y a des collections où je suis rarement déçue, d'autes où les livres me tombent des mains systématiquement.
Bref, j'ai quand même voulu commencer par le premier (la tristesse du samouraï ), avant d'attaquer celui-ci. En résumé : si le premier était plein de promesses malgré ses défauts "de jeunesse", celui-ci les tient, et avec brio !
Je dois dire que l'intrigue ne pourra que réjouir les amateurs de roman noir (oui, c'est un roman noir, pas un policier stricto sensu !). Tout débute par une histoire plutôt conventionnelle (pour un roman noir s'entend...). Les personnages sont esquissés, on croit suivre une ligne et puis... Tout s'enchevêtre, s'entrecroise, se contredit : on s'est laissé ballader par l'auteur qui sort les cartes de ses manches les unes après les autres pour notre plus grande confusion. On n'a qu'une envie : continuer la lecture pour voir jusqu'où on s'est laissé manipuler, et s'éblouir devant l'habileté du narrateur à nous rouler ainsi dans la farine !
Ou alors je suis une grande naïve (c'est aussi possible !).... Mais bon, je suis une grande lectrice de polar depuis plus de 40 ans (oui, j'ai commencé trèèèèès tôt !!!!! avec le club des cinq, les six compagnons et Alice !), et je pense savoir reconnaître une p..... de bonne intrigue quand elle se présente !
Plaisanterie mise à part, je rends hommage à Victor del Arbol et son sens de la narration à tiroirs.... J'attends le prochain avec impatience !